Christophe Oberlin : « L’avenir est à la judiciarisation de la question palestinienne »

La nouvelle est tombée le 20 décembre 2019. La Procureure auprès de la CPI, Fatou Bensouda annonçait « qu’au terme d’un examen préliminaire approfondi, mené en toute indépendance et objectivité, de l’ensemble des renseignements fiables qui sont en la possession de son Bureau, ce dernier est parvenu à la conclusion que tous les critères définis dans le Statut de Rome pour l’ouverture d’une enquête étaient remplis ».

Le Prof. Christophe Oberlin – Photo: autorisation Christophe Oberlin

Poussez les Nations Unies à enquêter sur l’apartheid israélien

Agissez, demandez aux Nations Unies d’ouvrir une enquête. Soutenez l’appel de la société civile palestinienne à des sanctions ciblées pour que cessent l’apartheid d’Israël et son annexion illégale de la terre palestinienne.


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Déclaration sur l’antisémitisme et la question de Palestine

Cent vingt-deux intellectuels et intellectuelles palestiniens et arabes répondent à la définition de l’antisémitisme promue par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste qui est utilisée, dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique, pour réprimer le soutien aux droits palestiniens. Cette Déclaration est publiée conjointement en arabe par Al-Quds (Londres) et Al-Ayyam (Ramallah), en hébreu par Haaretz (Tel-Aviv), en anglais par The Guardian (Londres), en allemand par Die Tageszeitung (Berlin) et en français par Mediapart.

 

(illustration de la rédaction BDSFM)

 

[Communiqué de la campagne BDS France ] Rassurez-vous : la Campagne BDS est bien légale !

Une Dépêche du Ministère de la Justice, relative à la répression  des appels discriminatoires au boycott des produits israéliens, à destination des procureur-e-s de la République,  a jeté le trouble parmi les ami-e-s du BDS, qui, à la première lecture, y ont vu une décision de frapper le BDS du sceau de l’illégalité.

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Palestiniens et Israéliens appellent à un État démocratique unique – Appel à la société civile internationale à les rejoindre

Note de la rédaction, 24 novembre 2020 : La déclaration suivante a été publiée par la campagne pour un seul État démocratique (One Democratic State Campaign, ODSC) le 15 novembre 2020. L’ODSC est l’une des plus grandes initiatives de Palestiniens et d’Israéliens qui défendent la solution d’un seul État comme alternative à l’occupation militaire israélienne et à l’apartheid en Palestine.

Fresque sur le mur d’apartheid israélien.

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L’ONU et la question de l’apartheid israélien

L’apartheid est défini dans la Convention internationale pour l’élimination et la répression du crime d’apartheid et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) comme un régime institutionnalisé de domination raciale et d’oppression systématique qui commet des actes inhumains similaires à ceux commis en Afrique du Sud dans le passé, dans le but de maintenir ce régime.

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Normalisation avec Israël : imposer une défaite psychologique aux Palestiniens

Samah Jabr – La normalisation arabe avec Israël est la dernière tentative en date pour imposer une défaite psychologique aux Palestiniens, écrit Samah Jabr

Des manifestants se sont rassemblés à Gaza devant un bâtiment de l’Unesco le 15 septembre pour dénoncer les accords de normalisation – Photo: MEE/Mohammed al-Hajjar

La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les ministres des affaires étrangères représentant les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont signé l’accord de paix baptisé « Accords d’Abraham » à Washington D.C., normalisant ainsi leurs relations au détriment des droits nationaux et humains des Palestiniens. Le président américain Donald Trump était l’hôte de la cérémonie et il a déclaré que ces accords ne sont qu’un début et que d’autres pays concluront très bientôt des accords similaires, mettant ainsi fin à l’isolement d’Israël dans la région et excluant ainsi les Palestiniens.

La Ligue arabe a refusé de soutenir les Palestiniens et de voter une résolution dénonçant les accords de normalisation. Auparavant, Jared Kushner, le principal conseiller et gendre de Trump, s’était rendu au Moyen-Orient pour rencontrer les dirigeants arabes, même ceux du Soudan post-révolutionnaire à qui l’on a promis la fin des sanctions et le retrait de la liste des États terroristes s’il suivait les traces des Émirats arabes unis. En cherchant à se faire de nouveaux amis pour soutenir l’occupation israélienne et à renforcer son bilan, Kushner espère obtenir un afflux de voix pour Trump « le faiseur de paix », juste avant l’élection présidentielle américaine de novembre, le tout aux dépens des Palestiniens.

Afin de réduire l’incompréhension des masses arabes, ce processus politique a été synchronisé avec une campagne de relations publiques et de médias sociaux promouvant une « fascination pour Israël ». Cette campagne est soutenue par la diffusion de récits et de films en arabe célébrant l’humanité, la beauté et le caractère progressiste d’Israël. Ce discours efface complètement le récit palestinien et les souffrances indéniables de ce peuple depuis de nombreuses décennies.

En effet, c’est une campagne qui salit la réputation du peuple de Palestine, nie l’occupation brutale d’Israël et affirme que les Palestiniens ont volontairement vendu leurs terres et leurs foyers à l’État sioniste. Ce récit mensonger affirme que les Palestiniens et leurs plaintes sont un fardeau pour le monde arabe et promeut le hashtag « La Palestine n’est pas ma cause ».

Tout cela se passe alors qu’Israël continue à démolir des maisons palestiniennes, à assassiner des civils palestiniens désarmés et à arrêter des enfants palestiniens, en pleine normalisation avec les États arabes et en pleine pandémie de Covid-19.

Tous les partis politiques palestiniens ont condamné les accords négociés par les États-Unis comme un « coup de poignard dans le dos ». Le Premier ministre palestinien les a qualifiés de « jour noir dans le triste calendrier » de l’histoire palestinienne. Ils constituent en effet une nouvelle tentative de vaincre psychologiquement les Palestiniens.

Le peuple palestinien est sans aucun doute indigné par la normalisation des États arabes et l’impuissance de ses propres représentants. J’ai vu des Palestiniens pleurer dans les rues en voyant les drapeaux des pays engagés dans la normalisation tendus sur les murs de Jérusalem. Ils considèrent ces accords comme une trahison de la cause palestinienne et une insulte aux sacrifices palestiniens et arabes consentis depuis de nombreuses décennies.

Ce que je comprend, c’est que l’Autorité palestinienne n’est pas opposée à la normalisation en principe, mais plutôt à un processus de « normalisation » qui les exclut en tant que participants. C’est l’une des ironies du processus actuel que les représentants palestiniens aient eux-mêmes, pendant les années d’Oslo, ouvert la voie aux dirigeants arabes pour qu’ils avancent vers leur propre normalisation avec Israël. De plus, l’AP craint que la normalisation actuelle ne prépare la voie à Mohammed Dahlan – un allié fidèle des États-Unis, des Émirats arabes unis et d’Israël – pour remplacer son adversaire Mahmoud Abbas en tant que président de l’AP.

L’appel officiel à une « journée de colère » le 15 septembre n’a pas été suivi par de nombreux Palestiniens, car beaucoup d’entre eux se sont lassés de l’hypocrisie politique et doutent qu’une mobilisation publique ait un grand impact sur l’ordre mondial régional et international. Au cours des décennies d’Oslo, les représentants palestiniens – par leurs propres motivations conscientes et inconscientes – ont considérablement affaibli la résilience des communautés en Palestine. La résistance palestinienne légitime a été minée par l’absence de processus démocratique.

Aujourd’hui, les représentants palestiniens semblent avoir acté leur impuissance au sein de la politique internationale et, par conséquent, ils tentent de relancer un discours palestinien révolutionnaire comme moyen de s’abriter derrière le sentiment populaire.

Le nom même des « Accords d’Abraham » est trompeur et masque la nature coloniale de l’occupation de la Palestine par Israël. En présentant le conflit comme un conflit religieux entre les « religions abrahamiques », Israël efface les droits politiques des Palestiniens ; l’occupation est dissimulée derrière la notion que la résolution du conflit est une question de compréhension interconfessionnelle.

La réalité est que les ennemis de la démocratie et des droits de l’homme dans le monde arabe sont en train de se réaligner dans une coalition qui piétine les droits des Palestiniens.

Ce faisant, ils détruisent l’avenir des Palestiniens en retirant leur soutien au sein du monde arabe. Ce processus attaque les liens naturels – culturels, géographiques et historiques — entre la Palestine et les pays arabes. Les Palestiniens se sentaient déjà orphelins, mais la nouvelle normalisation ne fait qu’ajouter à leur sentiment d’abandon par les grands « frères arabes ».

La normalisation d’encore d’autres pays arabes avec Israël, telle qu’elle se prépare à travers les discussions actuellement en cours. L’expérience palestinienne présente certains parallèles avec une femme subissant une agression sexuelle collective : le fait que le crime soit commis à l’abri protecteur du groupe rend l’expérience encore plus traumatisante.

Mais Israël aura beau porter un toast à ses nouveaux amis parmi les dictateurs arabes et profiter des bénédictions de la Ligue arabe, nous savons que ces « représentants » ne représentent en fait personne, et encore moins le peuple arabe. Les peuples, en fait, restent loyaux à la Palestine, mais sont exploités par leurs régimes – des régimes prêts à les trahir, eux et la Palestine, en échange du soutien politique et militaire d’Israël et des États-Unis.

Et surtout, Israël devra encore traiter avec les Palestiniens qui résistent partout à l’occupation, que ce soit à la barrière frontalière de fait qui entoure la bande de Gaza, au camp de réfugiés de Dheisheh en Cisjordanie occupée, parmi les habitants d’Eisaweyeh, ou avec tant d’autres qui restent invaincus psychologiquement. Ces personnes et ces lieux rappelleront aux Israéliens que, malgré les décennies d’exploitation de la population et de la terre, leur « travail » face aux Palestiniens reste inachevé – et le restera toujours.

Les Palestiniens se battent pour leurs droits nationaux et humains depuis des générations et ils ne s’arrêteront pas.

Dans une lutte qui prend maintenant la forme d’une invasion du monde arabe soutenue par les États-Unis et l’Europe mais dirigée par Israël, la Palestine reste en première ligne dans la lutte pour la justice.

24 septembre 2020 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine